Guinée-bissau Saltinho, une localité prête à sortir de l’obscurité

Les pères de l’indépendance de la Guinée-Bissau reviendraient à Saltinho, qu’ils se retrouveraient dans les rues de ce gros bourg. Depuis cinquante ans, ce village a gardé le même visage. Apparemment, rien n’a changé. Plus pour longtemps espèrent-ils grâce au Projet Energie.
Saltinho est une ville qui attend patiemment son développement. Fondé par deux Peuls, Sambel Baldé et Bacary Baldé, ces derniers avaient quitté le village de Kountebani en 1968. Persécutés à l’époque par les combattants bissau-guinéens, ils trouvèrent refuges à Kébou et Korbali avant de s’installer à Saltinho à plus de 100 kms de la capitale Bissau- Guinéenne avec la bénédiction des Portugais.
Saltinho est dépourvu de tout. Même y accéder par la route jonchée de nids-de-poule s’avère difficile. Dès l’entrée du village, le visiteur est frappé par les concessions rudimentaires. De développement, Saltinho en rêve. Tout est resté à l’état sommaire. 
Sous un soleil accablant, Hamidou Baldé est assis sur un banc en bois à l’ombre d’un arbre, devant une petite pharmacie de village en compagnie du gérant Ousmane Baldé. « Nous n’avons jamais connu l’électricité. Nous ne connaissons pas la saveur de l’eau fraîche. Nous sommes impatients de voir les travaux terminés et qu’on puisse avoir de l’électricité », a lancé Hamidou Baldé à l’endroit de l’équipe de l’OMVG, le sourire en coin. Habitant d’un village où il fait chaud durant toute l’année, Hamidou rêve d’une vie meilleure.
Né en 1962, Hamidou raconte leur galère. « Je suis né avant l’indépendance de la Guinée Bissau. Nos parents avaient beaucoup souffert à cause des combattants. Même après la guerre, nous avons continué à souffrir car nous manquons de tout dans la ville », a-t-il déploré. Son voisin, Ousmane Baldé, abonde dans le même sens, dévoilant un large sourire qui en dit long sur sa satisfaction de voir son village électrifié.

Les femmes de la localité travaillent durement. Elles s’activent dans le maraîchage tout en soutenant au champ leurs maris qui cultivent presque tous de l’arachide, du mil, du maïs et du riz. 
Célèbre grâce à son fleuve appelé Korubal, le pont qui passe au-dessus du fleuve porte le nom du village. Il a été construit par un ingénieur portugais. Ses habitants s’approvisionnaient dans l’eau du fleuve avant d’avoir un forage en 2018. 
Ibrahima Baldé, un vieil homme âgé de 70 ans environ, est un des impactés du Projet Energie. Il salue la perspective d’accéder à l’électricité. « Je suis un impacté et j’ai été indemnisé. La ligne d’interconnexion traverse mon verger d’anacardiers et de citronniers. Finalement, ils ont pris 20 m d’emprise au lieu des 40 m initialement annoncés. Je pense que le plus important aujourd’hui, c’est d’avoir l’électricité dans le village. Cela permettra à nos enfants de bien apprendre leurs leçons et à nos femmes de mener correctement leurs activités. Il faut le dire, nous sommes dans des difficultés. Nous avons vraiment besoin de ce  genre de projets pour nous en sortir », a expliqué le septuagénaire. Pour le vieil homme qui rêve d’un avenir radieux pour son village avec la fin proche des travaux du poste de transformation de Salthino qui se trouve à 3 km environ, la communauté a besoin d’une école pour que les enfants ne se déplacent pas pour aller étudier dans des zones éloignées du village.


« L’électricité est très importante dans une localité comme la nôtre surtout pour nous, qui n’avons jamais connu ce luxe. Nous pourrons développer beaucoup de projets avec l’électricité »
Ousmane Baldé, habitant de Saltinho


« Nous disposons d’une école de 3 classes. Après l’école primaire, nos enfants se rendent à Bissau pour étudier. Nous leur payons la location alors que nous avons des difficultés à subvenir normalement à nos besoins. Ce qui n’est pas évident. Nous avons aussi besoin d’un poste de santé et également du soutien pour nos femmes »
Ibrahima Baldé, habitant de Saltinho